Actualités - Le « séparateur cyclone » du charbonnage du Fief de Lambrechies à Quaregnon

Mis à jour le 6 décembre 2016

Par Bruno Van Mol, Ingénieur civil des constructions, honoraire des Ponts et Chaussées. 
64 rue Richebé à 7390 Quaregnon

 

ACTE 2 - Mise à jour du 6 décembre 2016

Sur le site du FIEF DE LAMBRECHIES le maintien du décanteur cyclone en béton constituerait un SIGNAL DANS LE PAYSAGE de Quaregnon !
 


ACTE 1 - 22 novembre 2016

Le 8 novembre 2010, la commission communale d’aménagement du territoire et de mobilité de la commune de Quaregnon, a émis à l’unanimité un avis favorable pour la démolition des bâtiments restants dans le périmètre du site n° SRPE/B68 « Fief de Lambrechies » (qui comprend l’ancien terril du charbonnage ainsi que les dalles de fermetures des puits de mine), le nettoyage du site et la pose de clôtures sur le site. 
L’arrête ministériel du 4 avril 2016 arrêtant que le site proposé doit être réhabilité, entérine cette proposition et fixe provisoirement son périmètre.

Or, si certains bâtiments en mauvais états ne présentent aucun intérêt, il subsiste néanmoins un réservoir semi-conique en béton remarquable et en bon état malgré son âge presque centenaire. 
 

Le séparateur cyclone en béton dans son environnement, vu du sentier de promenade. Photo B. Van Mol, 25-04-2016

Il s’agit probablement d’un séparateur cyclone (ou décanteur cyclone) destiné à traiter les rejets chargés de charbon fin provenant du lavoir voisin. 
Il comporte deux cylindres superposés d’une dizaine de mètres de diamètres décroissants, et d’environ 5 m de hauteur totale. Le tout soutenu par un tronc de cône inversé de même hauteur (environ). 
La base de l’édifice est soutenue par des piliers en béton (8 ?) de bonnes sections se poursuivant en nervures appliquées (à ressauts décoratifs en saillies) sur la cuve conique, partiellement ensevelis à la base.

Piliers de support du séparateur (remarquablement « tagué ») partiellement enterrés. Photo B. Van Mol, 25-04-2016

Quelques épaufrures superficielles du béton laissent apparaître les armatures métalliques (fer ou acier ?) sur le cône, sans incidences sur la stabilité de l’ensemble.

L’« architecture » de cette construction a quelque chose d’« art déco1 »  qui daterait de 1933 (avant 1934 de tout façon !). 

Vue aérienne zénithale du site : en haut, le séparateur cyclone ; en bas : les dalles carrées d’obturation des puits. - Google Earth, 2012, orienté au Nord. 50° 24’ 55 » N – 03° 52’ 22 » Est

La vue aérienne zénithale du site donnée par Google Earth montre qu’au sommet, deux rambardes en béton (qui paraissent intactes) entourent la cuve à l’air libre ainsi que des chenaux circulaires. Ceux-ci font penser à un dispositif engendrant un mouvement rotatif (cyclonique2) au liquide de nettoyage chargé de charbon pulvérulent pour favoriser la décantation des fines (« schlam ») au fond de la cuve conique. L’effluent surnageant s’écoulant par débordement dans la couronne circulaire pour être évacuer.

Vue aérienne zénithale détaillée du séparateur cyclone jouxtant un bâtiment du lavoir ( ?).

Une photo prise vers 1981, lors d’une campagne de récupération du charbon rémanent (par Ryan Europe ?) montre le bâtiment dont les pieds sont déjà en partie remblayés.

Le séparateur cyclone vers 1981. Photo SAICOM.

Ce séparateur cyclone en béton est visible sur deux cartes postales anciennes montrant les installations du charbonnage du Fief de Lambrechies en activité (avant 1934, date de l’arrêt de la production suite à la catastrophe des 15 et 17 mai 1934).

Le charbonnage du Fief de Lambrechies vu de l’est avant 1932. Le séparateur cyclone est erronément indiqué « château d’eau ». CP collection privée.

Le charbonnage du Fief de Lambrechies vu de l’est. Une structure de plus grandes dimensions a été construite en 1932-1933 sur le puits d’extraction. Le séparateur cyclone est erronément indiqué « château d’eau ». CP collection SAICOM. 
 

Conclusion

Ce « séparateur cyclone » est semble-t-il d’un modèle unique en Belgique qui mérite d’être sauvegardé comme patrimoine industriel, pour constituer un signal dans le paysage rappelant le passé minier de la région.
 


1 Remarque du professeur de l’ULB Michel Provost, le 14/05/2016.

2 Selon Antonio Sestu, organisateur des commémorations annuelles de la catastrophe des 15 et 17 mai 1934 au cours de laquelle périrent 34 mineurs et sauveteurs qui entraîna la fermeture du charbonnage.