Actualités - Sur les pas de Louis Bergeron, PIWB s’engage plus que jamais pour la défense du patrimoine industriel de l’industrie lourde du 20e siècle !

Publié le 1 octobre 2014

Par Jean-Louis Delaet,

A suite de notre colloque du 6 juin, aux moulins de Beez, PIWB adressait, à l’occasion de la formation des Gouvernements wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, un Mémorandum pour la sauvegarde de témoins de l’industrie lourde du 20e siècle, avec une série de propositions notamment concernant le patrimoine sidérurgique. Le ministre-président Paul Magnette vient d’y réagir positivement par un courrier du 17 octobre : Dans la ligne de l’inscription au Patrimoine mondial de quatre sites miniers majeurs wallons, votre plaidoyer vise à accorder toute l’attention qu’il mérite à notre patrimoine industriel, témoin de l’exceptionnel essor économique de la Wallonie lors de la révolution industrielle.  

Au-delà de ce passé dont nous pouvons être fiers, ces éléments patrimoniaux nous rappellent aussi les terribles conditions sociales subies par les travailleurs, ainsi que les avancées considérables qui ont été engrangées en la matière, jalons essentiels de notre société contemporaine. C’est pourquoi le Gouvernement wallon a pris cette dimension en compte dans la Déclaration de politique générale, qui prévoit notamment « d’intégrer d’avantage dans les politiques du patrimoine le renouveau des centres des villes et communes et la réaffectation du patrimoine industriel classé ». Nous rencontrerons prochainement un collaborateur du ministre du Patrimoine Maxime Prévot. A suivre !

Parmi nos propositions, il y avait celle de dédier les JP de septembre 2015 au patrimoine industriel, ce sera finalement le long 18e siècle (1713-1830) qui sera mis à l’honneur. Appel lancé aux projets ! Nonobstant PIWB participera à l’Année européenne du Patrimoine industriel et technique parrainée par la Commission permanente du Conseil de l’Europe. Notre projet serait d’animer un groupe de pilotage sur le thème du sauvetage en Europe de vestiges remarquables de l’industrie sidérurgique. Le représentant de PIWB aura l’occasion d’en parler à l’occasion de la rencontre  annuelle de l’E-Faith (Fédération européenne des Associations de patrimoine industriel et technique) à Vaulx-en-Velin (F) ces 24 et 25 octobre.

Dans moins d’un an, du 6 au 11 septembre 2015, aura lieu à Lille le 16e Congrès mondial du TICCIH (The International Committee for the Conservation of the Industrial Heritage). Le thème choisi par l’organisateur, le CILAC, est le « Patrimoine industriel au 21e siècle, nouveaux défis ». PIWB et BruxellesFabriques interviendront dans le cadre des sessions : cette newsletter se fait déjà l’écho de trois communications. Dans la marge du congrès, des excursions sont programmées dans le Nord-Pas de Calais, bien entendu, mais aussi en région parisienne et dans l’Est de la France. Mais, certainement bien des participants mettront à profit leur séjour pour faire un saut en Belgique. Il est donc essentiel, pour toutes ces raisons, que les membres de PIWB soient nombreux à Lille. Les premières informations sont disponibles surhttp://ticcih-2015.sciencesconf.org

Le CILAC est le Comité d’information et de liaison pour l’archéologie, l’étude et la mise en valeur du patrimoine industriel en France. Il a été fondé en 1978 par  Louis Bergeron avec d’autres personnes physiques ou morales pour engager une démarche citoyenne en vue de la sauvegarde de ce champ nouveau du patrimoine à une époque où des pans entiers de celui-ci étaient voués à une exorable disparition. Précisément Louis Bergeron devient, de 1990 à 2000, président du TICCIH et prend alors une stature internationale. Malheureusement, Louis Bergeron ne verra pas le Congrès de Lille, il est décédé ce 9 octobre à l’âge de 85 ans.

Jeune historien, j’avais  rencontré Louis Bergeron, alors directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, à l’occasion du colloque « Techniques, pouvoirs, main d’œuvre et reconversion dans les mines de charbon d’Europe occidentale » organisé par le CNRS au Creusot en 1985. Nous étions restés en contact et, chaque fois que mon parcours professionnel prenait un nouveau tournant, il ne manquait pas de m’encourager…lors de mon accession à la présidence de PIWB ou lors de l’inscription des sites miniers wallons sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Je savais pouvoir compter sur ses conseils ! 

Guido Vanderhulst, vice président de PIWB, apporte aussi son témoignage : Louis était un ami depuis si longtemps. Il a été élu Président du TICCIH lors du Congrès de Bruxelles en 1990 que les Belges ont orchestré. Homme de conviction,  sans éclat de voie, s’efforçant de convaincre, ouvert à toutes les problématiques sociales et industrielles, il a marqué l’étude du patrimoine industriel d’une vision sociale et mondiale extrêmement forte, truffée de recoupements. Ses compétences en histoire de l’urbanisme apparaissent aussi importantes. Il était intarissable  en histoire économique et industrielle et sur l’histoire des dynasties familiales d’industriels français. Il était aussi clairement solidaire des luttes sociales. Scientifique hors du commun, à la mémoire phénoménale, il a imprimé de son empreinte toutes ces disciplines d’études et d’actions. Le départ de cet homme est la perte d’une bibliothèque, d’un réseau de relations. Il m’a soutenu dans la bataille pour le sauvetage de Tour & Taxis, il a toujours été présent quand je le sollicitais pour des projets d’envergures.
Je perds avec lui un véritable ami.

Nous présentons nos condoléances à son épouse et à ses proches. Continuer dans la voie qu’il a tracée est le plus bel hommage que nous puissions lui rendre !