Actualités - Bruxelles : Encore du patrimoine social bruxellois qui fout le camp !

Publié le 1 décembre 2013

Par Guido Vanderhulst,

C’était une maison jaune adossée à deux immeubles de style incertain, au coin du quai des Péniches N°50 et de la rue de la Dyle. Le Café de la Clef était le nom de la maison jaune en 1931. Elle était le seul immeuble qui subsistait d’un front bâti comprenant des maisons du même type, entre entrepôts et magasins. Elle était composée de quatre niveaux dont des combles et des caves. Le WC était, comme la tradition le voulait, sur le palier. Chacun des trois étages présentait quatre pièces autonomes, disposant d’un conduit de cheminée, et accessibles par un petit couloir. Les combles mansardés présentaient également une même disposition (quatre pièces avec cheminées). Les fenêtres avec vue imprenable sur le Quai des Péniches disposaient d’un balcon. Quant au rez-de-chaussée, il a toujours été un débit de boissons, bien fréquenté.

L’immeuble a été construit en 1911, au moment de la construction du Bassin de la Jonction, devenu Bassin Béco, quand les activités portuaires ont quitté le Pentagone pour le Port Maritime de Bruxelles. La destination du bien, à partir de la disposition des pièces et de leur accès, était clairement la location de chambres isolées. Le rez-de-chaussée, un bistrot qui avait conservé ses bancs de chênes d’époque, a certainement connu des heures glorieuses avec les dockers, bateliers, agents en douanes et courtiers, ouvriers, marchands de matériaux et de charbon et autres gais lurons fréquentant les quais.

Le terrain appartenait à un certain Wielemans qui inscrit le bien dans la société WIELEMANS-CEUPPENS, en 1930, avant de le reprendre à son nom propre en 1962. C’est donc lui qui a construit l’immeuble. Il faudrait écrire l’histoire de cette famille de brasseurs bruxellois qui contrôlait un nombre incroyable de débits de boissons avec exclusivité d’approvisionnement. Cette maison est la démonstration que la famille achetait et construisait aussi des bistrots.

La Maison jaune, jusque sa fin, était louée à titre précaire par de jeunes artistes et étudiants. Ceux-ci l’entretenaient parfaitement. Une modernisation s’imposait pour notamment une mise en conformité en terme de sécurité. C’était jouable. Les chambres auraient  pu être aménagées pour le même type de public jeune et le bistrot du rez-de-chaussée aurait retrouvé sans difficultés sa vocation première de lieu de rencontres. Un promoteur l’a rasée pour prolonger ses constructions attenantes.

Dans le milieu "alternatif" de Bruxelles, ce café a été très connu, ces dernières années.  Le Cinéma Nova lui a rendu hommage.

http://www.nova-cinema.org/spip.php?rubrique1823

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