Actualités - Bochum (Ruhr – D) : Workshop organisé sur le thème « Le patrimoine industriel dans la construction des identités régionales : une perspective globale »

Publié le 1 décembre 2015

Par Jacques CRUL, Secrétaire de PIWB       

Les 29 et 30 octobre dernier, au nom de l’asbl PIWB, j’ai été invité à participer activement à un workshop organisé par l’Institut des Mouvements sociaux de la Ruhr Universität Bochum (Université de la Ruhr de Bochum). Ce workshop a tenté de cerner  la manière dont les différents pays représentés avaient traité de l’aspect du patrimoine industriel et s’étaient (ou pas) appuyés sur ce vecteur pour (re)construire les identités régionales suite à la désindustrialisation qu’ils ont connue au cours des trente dernières années.

Mon exposé s’intitulait « La Wallonie, berceau de la Révolution industrielle sur le continent ». Il s’est limité au sillon industriel Vesdre-Meuse-Sambre-Haine. Il a visé à mettre en évidence :

  • - à quel point la Wallonie fut pionnière dès la fin du 18ème siècle en matière d’importation et de développement des techniques industrielles venues d’Angleterre ;

  • - combien son industrie fut diversifiée et la richesse en matière de patrimoine industriel que celle-ci a générée ;

  • - le large éventail de ce qui a pu être conservé, le plus souvent à l’initiative des communautés locales, dans la plupart des cas avec l’aide des pouvoirs publics et de l’Europe.

L’absence de politique globale en matière de préservation et les lacunes que cela a engendré dans l’éventail des biens et technologies conservés ont également été pointées.

Ce texte servira de trame à un état des lieux de la situation en Wallonie en matière de patrimoine industriel qui paraîtra dans la prochaine revue annuelle et à une future mise à jour de l’inventaire réalisé à la demande de la Région Wallonne en 1995.

Les participants ont eu l’occasion de découvrir la Jahrhunderthalle, composée d’anciens halls datant de 1902 destinés à abriter des soufflantes dans un complexe sidérurgique aujourd’hui à l’arrêt. Les halls sont maintenant réutilisés comme espaces de concert et de spectacle, et tout le complexe est librement accessible au public et pourvu d’un éclairage qui le rend particulièrement attrayant la nuit [www.jahrhunderthalle-bochum.de].

Une deuxième visite a concerné le Musée de la Mine de Bochum, de réputation mondiale. Ce musée, récemment rénové, présente l’histoire de l’industrie minière allemande dans sa globalité [www.bergbaumuseum.de].

Le texte complet du discours prononcé peut être obtenu en version anglaise ou française.

Le colloque était présidé par Stefan Berger, directeur de la « Bibliothek  des Ruhrgebiets » (Bibliothèque de la Région de la Ruhr), basée dans le même bâtiment que l’Institut, aidé de Jana Golombek et Christian Wicke, avec le concours scientifique de Paul Pickering, de l’Australian National University.

La palette des participants était vaste (± 40 pers) et variée. Les régions / pays représentés, outre la Ruhr et la Wallonie, étaient les Asturies, le Pays de Galles, le Nord-Pas-de-Calais, la Silésie (Pologne), la Moravie-Silésie (République Tchèque), le Borsod (Hongrie), la Vallée du Jui (Roumanie), la région de Pittsburgh et celle de Detroit (USA), le Nord Kyüshü et la Préfecture de Fukuoka (Japon), la vallée de Hunter (Newcastle, Australie), le Donbass (Ukraine) et Sidney en Nouvelle-Ecosse (Canada).

On notait également la présence de spécialistes bien connus en Wallonie comme Norbert Tempel (LWL – Indutriemuseum Dortmund), Rainer Klenner (Gouvernement de la Région de Rhénanie-Westphalie), Marius Röhr et Marita Pfeiffer (Cockerie Hansa, Dortmund).

Les exposés ont montré à la fois à quel point le phénomène de désindustrialisation au cours des 30 à 40 dernières années est un phénomène mondial,  et les divergences d’approches du patrimoine industriel selon qu’on se place dans la vision occidentale, où beaucoup de pays ont développé une véritable culture industrielle (qui se heurte toutefois souvent aux logiques de réindustrialisation),  dans celle de l’ex-Europe de l’Est, où la tendance est plus à détruire qu’à préserver tout ce qui rappelle le communisme, ou au Japon par exemple où la culture japonaise tend à montrer uniquement ce qui est beau et donc à cacher les facettes noires de l’histoire industrielle ou à les enjoliver. Le cas particulier de ce qui est actuellement vécu dans le Donbass était interpellant, tant sur le plan patrimonial que purement émotionnel.